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A quoi sert le blocage ?

vendredi 23 novembre 2007, par lapholie


beaucoup estiment que le blocage des cours est une entrave à la liberté d’étudier. les bloqueurs eux pensent que le blocage est nécessaire pour qu’un mouvement de défense de nos droits d’étudier soit possible.

concurrence des libertés, concurrence des droits... que chacun donne son avis et dise pourquoi l’un prime sur l’autre !

30 Messages de forum

  • A quoi sert le blocage ?

    23 novembre 2007 17:26, par l’oeil et l’esprit

    La motion signée par les enseignants du département de philo est scandaleuse. Comment peut-on oser parler du pacifisme des bloqueurs, quand ils empêchent d’entrer dans l’université ? La violence n’est pas forcément brutale.

    Et puis quand j’entends des décérébrés, lycéens de surcroît qui ne connaissent absolument rien de la fac, dire "C’est trop dangereux les fonds privés" sans visiblement être capable d’aligner trois phrases sans dire "euh...", ça fait mal au coeur.

    On est en train de crever de l’assimilation de la fac à l’enseignement secondaire, ouvert à tous ( !!!) et parfaitement gratuit ( !!!!!!!!!!!!!).

    Quand j’entends l’UNEF qui OSE se plaindre de la hausse des frais d’inscription des masters, alors que c’est eux qui ont réclamé que les masters paient pour le niveau licence, ça me donne envie de HURLER.

    Mais c’est pas grave : j’ai fait les grandes écoles, mes enfants feront les grandes écoles, mes petits enfants feront les grandes écoles "soutenues par le grand capital", et la fac continuera à pourrir dans son coin, (non) soutenue par l’Etat : les bons étudiants n’y viendront que pour le master, comme c’est déjà le cas. Non, peut-être qu’ils n’iront plus finalement...

  • Reprenons les cours... vite !

    23 novembre 2007 17:27, par étudiante qui en a marre de la grève

    La loi sur l’autonomie est necessaire et inévitable. La plupart des profs et des étudiants le pensent.

    Il faut reprendre les cours rapidement. Ne nous laissons pas faire par une minorité qui se fiche des examens et n’a donc rien à faire ici.

    Demandons à M. Pradeau d’organiser un vote à bulletin secret.

    Puis exigeons le départ des bloqueurs.

    ensemble, reprenons le travail : c’est la seule véritable urgence, si nous ne voulons pas saboter notre UFR déjà menacé, et nos propres études. La grève ne peut que nuire au premier et aux secondes. Ce n’est qu’en étudiant sérieusement que nous deviendrons des interlocuteurs valables et...écoutés.

  • A quoi sert le blocage ?

    23 novembre 2007 17:41, par jean-marc

    petit message pour recadrer un peu les interventions légitimes mais qui partent dans tous les sens :

    qu’une grève soit au désavantage des étudiants à court terme, c’est certain. c’est le principe de la grève, les travailleurs perdent leur salaire pour obtenir des améliorations. que les pro-LRU soient contre la grève, c’est leur droit, mais il s’agit d’une opposition de type politique et non stratégique.

    que les étudiants opposés à la LRU choisissent le blocage (et il y a parmi eux beaucoup de boursiers et d’étudiants salariés) c’est effectivement une décision qui est loin d’être évidente. L’expérience a montré qu’un mouvement étudiant sans blocage ne fait jamais parler de lui. Les étudiants se désintéressent du sujet, vont en cours, et n’ont pas le temps de s’investir dans une lutte d’ampleur.

    Les médias sont les premiers à relayer les "plaintes des usagers", mais ils n’ont qu’une hâte, c’est de savoir combien de facs sont bloquées, etc. Personnellement, je n’ai pas de religion sur la question, j’adore aller en cours, j’estime que la LRU mérite qu’on clame haut et fort notre désaccord, je trouve que manquer quelques semaines de cours pour un mouvement social vaut le coup, mais je continue à penser que le blocage est une mauvaise solution.

    Si les étudiants se renseignaient et venaient en manif même sans blocage, les grévistes n’auraient pas besoin de vous empêcher d’aller en cours... mais le fait est que ce n’est pas le cas. De toute façon, rien ne vous empêche d’aller en AG vous exprimer sur le sujet...

    • A quoi sert le blocage ? 23 novembre 2007 18:26, par Matthias
      et j’ajouterai aux propos de jean-marc, rien ne vous empêche de bosser dans votre coin ! la B U est ouverte, même le samedi, et puis n’est-ce pas, lorsqu’on est là "pour avoir un travail", qu’on se réclame donc "adulte", on a pas forcément besoin de papa ou maman prof pour nous mâcher le boulot....un peu d’autonomie que diable !
      • A quoi sert le blocage ? 23 novembre 2007 19:37, par Etudiante qui en a marre de la grève

        Je vous rappelle Jean-Marc et Matthias que la grève des étudiants ne nuit qu’à eux mêmes, et que ce seront les plus faibles parmi nous qui boiront la tasse : merci pour eux !...

        Faire grève des études est un non-sens : l’Etat s’en fout. Vous êtes bien prétentieux de croire que ça va servir à quelque chose.

        Tirez-vous une balle dans le pied si ça vous amuse, mais laissez travailler ceux qui le veulent : vous n’avez pas le droit de les prendre en otage.

        D’autre part on n’a pas attendu le blocage pour réfléchir : j’ai entendu dire que des étudiants de seconde année devaient se réunir ce we, dans un endroit neutre, pour lire la loi.

    • A quoi sert le blocage ? 24 novembre 2007 19:28, par Un naïf

      "L’expérience a montré qu’un mouvement étudiant sans blocage ne fait jamais parler de lui."

      Je suis probablement sujet à dire quelque chose d’inepte, mais l’UNEF n’avait-il pas obtenu des concessions substantielles, il y a déjà plusieurs mois et avant de s’effrayer qu’un mouvement ne s’enclanche sans lui, par la pure "négociation" ? Peut-être faut-il se demander si "faire parler de soi" mérite véritablement de primer sur le simple et certes moins satisfaisant pour l’ego "obtenir des résultats". C’est du moins une question que je me pose.

    • A quoi sert le blocage ? 24 novembre 2007 19:39, par Le Guide des étudiants

      "Les étudiants se désintéressent du sujet, vont en cours, et n’ont pas le temps de s’investir dans une lutte d’ampleur.

      Si les étudiants se renseignaient et venaient en manif même sans blocage, les grévistes n’auraient pas besoin de vous empêcher d’aller en cours... mais le fait est que ce n’est pas le cas."

      Tout à fait Jean-Marc, c’est d’ailleurs fou que ces larves puissent poser la question ! Mais que veux-tu, il faut tout leur apprendre, et la première vertu du pédagogue restera toujours la patience.

      Pourquoi le blocage ? Parce que vous n’êtes que des pantins incapables de vous informer par vous-mêmes ! Votre "opinion" n’est qu’un simple vecteur de transmission de médias cultivant la soumission aux puissants ! La preuve, vous êtes si spirituellement inexistants - des fois je me demande franchement si vous possédez quelque conscience personnelle - que vous n’allez pas spontanément manifester !

      Le moins qu’on puisse faire, c’est bien de vous éduquer. Mais votre caractère est si infantile, si ignorant, que votre premier réflexe est de chagriner. Nous prévoyons toujours ce genre de réaction puérile, symptôme d’un égoïsme plat et parfaitement dénué de tout sens politique. Notre premier devoir est de rester insensible devant les premiers résultats de votre guérison, nécessairement douloureuse au début.

      Il faut parfois attacher le patient pour sauver sa vie, si l’opération n’est pas aisée. Nous sommes là pour sauver vos âmes perdues et ignares. Nous savons que ce n’est pas une tâche facile, et que vous commencerez toujours à résister - vous avez l’esprit si embrumé par l’idéologie dominante ! Mais nous ne sommes pas inquiets : vous nous remercierez plus tard.

    • A quoi sert le blocage ? 24 novembre 2007 20:00, par jean-marc

      Empêcher les cours nuit aux étudiants les plus "faibles" : oui, évidemment. Mais la LRU fera que de toute façon ces étudiants seront "sélectionnés", c’est à dire virés : donc autant se battre et obtenir des améliorations pour tous.

      Concernant la "prise en otage", Aubenas ou Bétancourt pourront vous dire ce qu’est une prise d’otage, et ça n’a rien à voir avec deux semaines de cours annulés.

      Des étudiants se retirent ce week-end pour "lire la loi"... il est grand temps ! je vous rappelle que la loi a été votée en août, il est un peu tard pour se réveiller. Mais c’est une excellente initiative, tu nous raconteras ce que tu auras appris.

      à propos des avancées obtenues cet été par la négociation, elles sont dérisoires. Le projet de loi, volontairement excessif au départ (sélection en M1, frais d’inscription), a été lissé précisément pour se mettre l’unef en poche et éviter un mouvement étudiant. Mais l’esprit de la loi reste le même. bien entendu, il ne s’agit pas de faire parler de soi pour faire parler de soi, mais en vue d’obtenir des résultats. c’est pas absurde, l’essentiel de nos avancées sociales dont nous sommes fiers, et que les USA nous envient aujourd’hui, ont été arrachées par la lutte dans la rue.

      Guide de l’étudiant, tu es excessif. Je n’ai jamais considéré que les étudiants non-bloqueurs étaient des larves. Il est tout à fait compréhensible de ne pas avoir envie de passer du temps et de dépenser de l’énergie pour un mouvement social. Mais s’intéresser à l’évolution de l’université, quand on peut le faire, c’est bien. Voir ses cours annulés est une occasion, même si elle est trop brutale à mon goût, de se renseigner et de s’engager dans un mouvement de lutte.

      • A quoi sert le blocage ? 24 novembre 2007 22:23, par Un naïf confirmé

        "Des étudiants se retirent ce week-end pour "lire la loi"... il est grand temps ! je vous rappelle que la loi a été votée en août, il est un peu tard pour se réveiller. Mais c’est une excellente initiative, tu nous raconteras ce que tu auras appris."

        Cette loi - et son diabolique "esprit"-, est encore bien plus vieille. Ce projet était bien connu et dessiné dans ses grandes lignes depuis plusieurs années déjà, et partagé clairement au sein du PS et de l’équipe Royal. Du moins était-il bien connu et approuvé par ceux qui sont familiers des problèmes de l’université française et décidés à s’y attaquer (donc les autocrates présidents d’université - et même Alain Renaut, un philosophe, encore un traître ! cf. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-979244,0.html -, les vendus de la gauche de gouvernement, les moins radicaux (les collabo quoi) de l’UNEF).

        Pour une fois que Bruno Julliard fait preuve un tant soit peu de responsabilité, il n’est pas très étonnant qu’il soit accusé de s’être fait avoir par les révolutionnaires de chambre. Par contre, maintenant qu’il suit timidement un mouvement qu’il trouve au fond irrationnel et perdu d’avance, il est à craindre que la crédibilité de l’UNEF soit désormais en jeu : quel gouvernement prendra dorénavant le risque de négocier avec un interlocuteur si peu fiable ? Voilà pourquoi je pose la question de l’intérêt de faire passer le côté spectacle ("abrogation ! abrogation !" en chantant et riant, ce qui est certainement bon enfant, je n’ai aucun antipathie pour ces gens si bien intentionnés) devant celui du pragmatisme et du dialogue. Avec tout ça, c’est la possibilité pour des représentants étudiants élus de faire valoir à l’avenir des revendications avec un minimum de crédibilité qui est remise en cause. Se faire plaisir, ou penser à l’avenir et à l’existence politique d’une représentation étudiante, il faut choisir. Sans hypocrisie.

        En tout cas merci pour la bonne tranche de rigolade, je retiendrai l’épisode de ce "que les USA nous envient aujourd’hui" ! On croirait du Michael Moore, chapeau !

      • A quoi sert le blocage ? 25 novembre 2007 02:22, par jean-marc

        A propos de la sécurité sociale, Arnold Schwarzenneger, gouverneur républicain de Californie, suggère de l’appliquer aux sans-papiers (véridique !) bon, c’est vrai qu’ils ont de gros problèmes d’immigration non choisie, et c’est pas de gaité de coeur, mais c’est quand même cocasse. Mais je parlais plutôt du parti démocrate, quand même hyper libéral (à notre sens à nous), et qui bataille pour imposer l’idée de la solidarité à la française, non pas par haute estime de l’égalité, mais tout simplement pour son efficacité. parenthèse fermée.

        Sur la question de la négociation : est-ce que tu crois que Sarkozy considère Julliard comme un interlocuteur qui peut avoir un intérêt, ou uniquement comme un ennemi qu’il faut mettre dans sa poche ? Evidemment, reconnais-le, Sarkozy n’aurait jamais rien donné à l’UNEF s’il n’avait pas peur d’un mouvement étudiant. Il n’y a négociation que lorsqu’il y a rapport de force. La crédibilité d’un syndicat n’est pas sa capacité à discuter poliment mais sa capacité à mobiliser.

        • A quoi sert le blocage ? 25 novembre 2007 11:38, par Etudiante qui en a marre de la grève

          Pffff, Jean-Marc !...

          "Les USA nous envient nos avancées sociales" !...

          Quel nombrilisme, quel aveuglement de ta part. As-tu pensé, au lieu de faire de la philo, à aller faire une "école du rire" ? (www.ecoledu rire.com) Mais attention à ne pas rire jaune.

          Les USA ne nous envient absolument rien. Ce sont plutôt nos gauchistes qui sont d’une jalousie tout à fait invalidante à leur égard. Oui, la seule pensée des USA leur fait perdre leurs moyens, leur fait voir rouge, au point de dénigrer systématiquement tout ce qui vient de là-bas, car le dénigrement systématique est leur seule arme, au lieu d’essayer de remonter la pente pour redevenir des interlocuteurs valables ! Pour les USA, nous sommes des pitres, des nuls, des bons à rien, et surtout un point minuscule sur la carte, qui ne signifie presque plus rien.

          Et comme avec ce bloquage imbécile on est en train de finir de se saborder, la France signifiera de moins en moins de choses pour les USA.

          Que fait normalement un "bon mauvais élève" pour remonter la pente ? Il se retrousse les manches et travaille deux fois plus ! Mais nous, nous sommes de "mauvais mauvais élèves" ! On continue à dégringoler la pente...

          • A quoi sert le blocage ? 25 novembre 2007 14:33, par Matthias

            pourquoi ce débat s’oriente sur les état-unis (EUA) ?

            étrange alignement que celui sur un pays, un seul pays, où tout n’est pas noir, mais tout n’est pas blanc non plus, puisque certains de ses choix lui aliènent la moitié du monde... la france doit-elle chercher un modèle à SUIVRE ? ou justement chercher un positionnement mondial original (comme lors de la guerre en irak), car en relations internationales, et comme dirait brel, "mieux vaut etre suivi que suivant"....bref c’était juste pour dire que l’on se fout pas mal de ce que font les EUA, il faut à mon sens une vision plus globale du monde, et pas chercher ses exemples dans une grossière imitation d’un seul, fut-il une superpuissance.

            et d’ailleurs, si l’on veut en rester à ce modèle, j’aimerai bien que l’on discute dans ce cas des méthodes et de la puissance syndicale de ce grand pays, avec en ce moment la grève des scénaristes, et le blocage d’un grand nombre de sociétés de divertissement culturel...alors blocage ou pas blocage ?! le véritable problème français dans sa méthode de contestation, c’est de ne pas se donner une puissance syndicale suffisante ; moins de 20% des travailleurs et des étudiants sont syndiqués, et ces syndicats ne peuvent donc que se voir contester leur légitimité. et ce sont pourtant eux que l’on légitime pour toute négociation....dans ce cas, tout appel de grève d’un syndicat est illégitime, puisque ne réunissant pas tous, ou à majorité, les travailleurs. doit-il pour autant se contenter de baissé la tête ?

            • A quoi sert le blocage ? 25 novembre 2007 15:07, par Etudiante qui en a marre de la grève

              Mathias : Pourquoi le débat s’oriente vers les USA ?..... Mais parce que Pâris et Jean-Marc en ont parlé les premiers : on n’a pas le droit de leur répondre ?...

              Les syndicats étudiants pas représentatifs ? Toutà fait d’accord avec toi : alors rendons obligatoire l’inscription à un syndicat. Ce sera bien : enfin on pourra travailler tranquillement !...

              Jean-Marc : Oui, inscris-toi à l’école du rire : succès garanti. Comparer la prise d’otage des étudiants à Aubenas et Bétancourt !...Elles avaient été dûment prévenues que c’était dangereux d’aller où elles allaient. Moi, je n’ai pas été prévenue. Donc en allant en fac on risque sa vie : merci de me le dire. Je viendrai désormais avec mes gardes du corps et mes colts.

              Guide de l’étudiant : merci pour votre contribution pleine d’humour. Mais je crois que Jean-Marc et les autres ne l’ont pas compris. Irrécupérables ?...

              • A quoi sert le blocage ? 26 novembre 2007 23:10, par David

                Parler des USA est hors-sujet, le débat étant sur la légitimité, d’une part, des blocages, d’autre part sur leur efficacité tactique et stratégique.

                - Pr ma part, je suis plutôt enclin à être d’accord avec Jean-Marc, qui rappelle avec bon sens qu’on ne fait pas de mouvement étudiant sans blocages. On dit que "les étudiants en patissent", ou que "les moins chanceux en patissent" ; c’est là un problème qu’affronte toute grève (ne parlons-même pas de la SNCF !). Reliser Les Raisins de la colère si vous avez séché vos cours d’histoire... C’est précisément pour cela qu’une lutte collective nécessite une organisation collective, afin de pouvoir résister à ces effets négatifs (dans un 1er temps) et positifs (si, et une fois que la grève réussit à atteindre ses objectifs).

                - Dès lors, opposer la "liberté d’éducation" à la "liberté de faire la grève", c’est adopter un point de vue individualiste et libéral, directement issu d’une tradition philosophique libérale qui insiste sur l’individualisme possessif, et qui n’est pas capable de voir qu’un individu n’existe pas en-dehors des liens sociaux qui le construisent et le font vivre au quotidien.

                - Il ne s’agit aucunement, comme le prétend de manière franchement pas drôle notre cher Ayatollah des étudiants, d’imposer quoi que ce soit aux étudiants et d’apprendre aux ignares la vérité. Il s’agit simplement de construire les conditions de possibilité effective de toute lutte collective.

                - Certains, qui sont contre cette loi (il est évident que ceux qui la soutiennent s’opposeront aux blocages, de manière pacifiste ou violente, comme le montre cet étudiant qui s’est fait tiré dessus), s’opposent aussi aux blocages (par ex. la prof Judith Revel, qu’on ne peut guère accuser de droitisation...)

                - Je ne sais pas les motifs qui conduisent Revel à s’opposer au blocage, mais il est évident que le mouvement étudiant doit considérer avec prudence ce moyen qui se révèle parfois efficace.

                D’abord, si les présidents de fac répliquent à ces blocages par des fermetures administratives, on perd tout : lieu de rassemblement et de mobilisation, etc. Il est clair que les présidents des facs seront les premiers à blâmer pour cette décision empêchant les étudiants d’étudier !

                Ensuite, si les CRS arrivent à chaque fois, ou bien il va falloir trouver des tactiques efficaces pour leur résister, ou alors il va falloir trouver autre chose que l’action "blocages".

                Enfin, à titre interrogatif, que pensez-vous de blocages intempestifs, c’est-à-dire partiels, temporaires et mobiles ? Cela permet à la fois de maintenir la possibilité d’aller en cours afin d’éviter l’accusation (stupide) d’ "anti-démocratie", et de continuer à mobiliser...

                • A quoi sert le blocage ? 27 novembre 2007 00:59, par Le Guide des étudiants

                  J’appuie particulièrement cette contribution lumineuse de bout en bout, si ce n’est l’étrange allusion aux dignitaires musulmans que je ne saisis pas tout à fait.

                  "Dès lors, opposer la "liberté d’éducation" à la "liberté de faire la grève", c’est adopter un point de vue individualiste et libéral, directement issu d’une tradition philosophique libérale qui insiste sur l’individualisme possessif, et qui n’est pas capable de voir qu’un individu n’existe pas en-dehors des liens sociaux qui le construisent et le font vivre au quotidien."

                  Un propos plein de sagesse, qui montre bien comment les énergumènes antibloqueurs ne sont que les jouets d’une inspiration néfaste qui les dépasse. Le fléau de l’esprit libéral n’est certainement pas près d’être expurgé des têtes creuses qui nous entourent, et il nous appartient de bousculer thérapeutiquement toutes ces cabosses déréglées. Vous vous croyez libres, vous autres bons apôtres de la "liberté d’étudier" ? Laissez moi rire ! Vous êtes et resterez de simples fruits d’une philosophie maudite autrement plus vieille que vous, pauvres jouvenceaux, c’est ce mal persistant qui parle par votre bouche et vous aveugle devant l’évidence du "lien social" ! On me dit excessif, j’éviterai donc le terme d’exorcisme, même si je ne doute pas qu’il serait encore trop léger pour des âmes perdues et manipulées comme les vôtres. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’effectivement une thérapie ne serait pas de trop, et une telle oeuvre de salubrité publique nécessite précisément du monde et du temps :

                  "C’est précisément pour cela qu’une lutte collective nécessite une organisation collective, afin de pouvoir résister à ces effets négatifs (dans un 1er temps) et positifs (si, et une fois que la grève réussit à atteindre ses objectifs)."

                  Une fois guéris, c’est-à-dire passé le premier temps, vous vous repentirez de votre ineptie et de votre faiblesse. Pourquoi ? C’est bien simple, vous ne pourrez que constater les résultats de l’entreprise : l’émancipation de l’étudiant des influences capitalistes et antisociales qui l’assaillent ! Oui, l’université restera protégée, pour le bien de tous, même des agents du libéralisme qui s’ignorent. Nous le savons bien, puisque nous connaissons l’intérêt général - eh bien oui, nous autres n’avons pas de crotte dans les yeux, l’organisation sociale nous apparaît limpide et diaphane, dans toute sa beauté. Inutile de connaître la lettre jargonnante et élitiste de la loi, nous en apercevons bien l’esprit, un esprit destructeur et anticollectif - laissez à ceux qui peuvent voir le soin de juger de l’avenir.

                  Enfin, je ne comprends pas bien pourquoi nous nous acharnons à discuter avec des gens qui se placent d’emblée hors du sens historique. N’avez vous pas honte d’être les freins de l’histoire ?

                  (PS : par contre, camarade David, il vaudrait mieux éviter les allusions à la grève SNCF... les rejetons du libéralisme pourraient en profiter pour relever le fait que leurs décisions étaient majoritaires et non noyautées. Ces gens sont capables de tout, évitons de leur donner du grain à moudre avec leur accusation (stupide) d’antidémocratie.)

                • A quoi sert le blocage ? 27 novembre 2007 01:13, par Fred Nic

                  "Dès lors, opposer la "liberté d’éducation" à la "liberté de faire la grève", c’est adopter un point de vue individualiste et libéral, directement issu d’une tradition philosophique libérale qui insiste sur l’individualisme possessif, et qui n’est pas capable de voir qu’un individu n’existe pas en-dehors des liens sociaux qui le construisent et le font vivre au quotidien."

                  Qui considère l’humanité comme un troupeau et s’enfuit devant elle, aussi vite qu’il peut, sera certainement rejoint par ce troupeau qui lui donnera des coups de cornes. Il faut bien l’admettre, et c’est cette amère vérité qui heurte aujourd’hui les individualistes. Mais surtout, qu’ils se méfient des bons et des justes, ils aiment à crucifier ceux qui s’inventent leur propre vertu - ils haissent le solitaire.

                  • A quoi sert le blocage ? 27 novembre 2007 11:22, par Aristote

                    Dès lors, opposer la "liberté d’éducation" à la "liberté de faire la grève", c’est adopter un point de vue individualiste et libéral, directement issu d’une tradition philosophique libérale qui insiste sur l’individualisme possessif, et qui n’est pas capable de voir qu’un individu n’existe pas en-dehors des liens sociaux qui le construisent et le font vivre au quotidien. (David)


                    Avez-vous bien tous assimilé la richesse éblouissante de ce paragraphe, en avez-vous retiré tout le suc admirable ?...j’en doute alors reprenons :

                    "opposer la liberté d’éducation à la liberté de faire grève" bien sûr c’est une opposition coupable : et dans cette opposition, bien sûr c’est implicite mais c’est la liberté de faire grève qui ressort vainqueur (vainqueure ?...) Honte à la "liberté d’éducation" : haro sur elle, que le rouge de la honte la plus vive lui monte à la face et qu’elle aille se cacher, et ne prétende plus jamais être un de ces droits acquis de haute lutte depuis ce sacré Charlemagne, Jules Ferry etc. (On remarquera que seuls les grévistes peuvent se recommander de batailles acquises de haute lutte, les non-grévistes, non, comme leur nom l’indique.) La liberté de faire grève chasse aujourd’hui la liberté d’éducation, qui ne fait plus partie des acquis sociaux : qu’on se le dise, qu’on le rumine, qu’on...

                    "c’est adopter un point de vue individualiste et libéral" : hé oui l’eusses-tu cru ?... Et quand un groupuscule bloque une université de 35 000 étudiants, il n’y a pas d’individualisme, non, non, car ce groupuscule sauve cette foule d’ignorants de leurs propres turpitudes (malgré ces 35 000 étudiants qui voudraient bien continuer à étudier, mais ils remercieront à genoux plus tard, hein) et leur montre le droit chemin. Ce groupuscule sont les tenants d’une nouvelle religion, ce sont de nouveaux christs qui accomplissent leur mission : amen !

                    "tradition philosophique libérale" : là ça m’en bouche un coin, je croyais naïvement la tradition philosophique émancipée de la loi du marché, et de ces échanges que ces groupuscules aimeraient bien par ailleurs voir réduits au strict minimum...mais le droit de ne pas être logique fait, lui, partie des avantages acquis tout le monde le sait.

                    "individualisme possessif" : ne serait-il pas plutôt du côté justement de ces groupuscules auto-proclamés dont la gloire imaginaire leur monte à la tête et qui ne peuvent jamais rendre le micro, une fois qu’ils l’ont pris d’assaut ?...mais non, on l’a vu : leur mission les absout remarquablement de tout.

                    "un individu n’existe pas en dehors des liens sociaux qui le construisent" : C’est ce que semblent ignorer magnifiquement ces mêmes groupuscules, qui sont à la fois sourds (au mécontentement de la foule qu’ils méprisent) aveugles (à ce qui se passe réellement) et autistes : ils vivent dans leur propre monde, allant d’AG en blocage, de manif en coordination, croyant avoir mis en route la nouvelle révolution copernicienne. Ils ignorent également une certaine tradition philosophique, qui veut que le vrai travail philosophique s’élabore en secret, loin des foules justement, ils ignorent Descartes, et foulent aux pieds son héritage. ça c’était pour les philosophes (les vrais). Maintenant pour le bas peuple, c’est vrai qu’il a besoin de liens sociaux. C’est d’ailleurs pour ça qu’il va en cours, au lieu de suivre tranquillou les cours par correspondance de Comète qui ne sont pas en grève (non je ne fais pas de publicité indue pour Comète). Suprimons les cours, nous suprimons les liens sociaux...

                    ...Mais comme je vous le disais c’est normal, car c’est pour notre bien. Lustucru ?

                    PS je laisse à d’autres le plaisir de faire plus brillamment un commentaire composé des autres très interessants paragraphes de David. On vous rendra vos copies...après tout ça.

                    • A quoi sert le blocage ? 27 novembre 2007 12:17, par david

                      Prétendre que le débat "liberté d’éducation"/"liberté de faire la grève" est -un faux débat qui repose sur une vision individualiste des choses, ce n’est pas affirmer que l’une soit préférable à l’autre. S’instruire tout comme faire grève, ne t’en déplaise, est un acte collectif ; et ce n’est pas en jouant le philosophe solitaire malin que tu me prouveras le contraire... D’ailleurs, si tu veux jouer à l’autodidacte, "les liens sociaux étant pour le bas peuple" (ah bon ?), tu n’as pas besoin d’école ?

                      Tu auras bien, du moins, compris que je pensais, d’autre part, que la grève était importante...

                      - Mis à part l’ironie et le mépris affiché de part en part - inexcusables de mon point de vue... - je ne crois pas qu’il s’agisse d’ "individualisme possessif" que de bloquer une fac. Je ne crois pas qu’il ne s’agisse que de "groupuscules" - et quand même ils seraient effectivement des "groupuscules", précisément, ce qui les séparent des bons-étudiants-qui-vont-en-cours-et-ne-se-posent-pas-trop-de-questions, c’est qu’ils agissent de manière collective...

                      Personnaliser le débat, se moquer de leur aspect soi-disant illuministe (tout ça parce que t’en as auras, dans le meilleur des cas, rencontré un seul un peu illuminé...), c’est évacuer le vrai débat, qui concerne des enjeux politiques, et pas des personnes ni leurs caractères.

                      - Enfin, ""tradition philosophique libérale" : là ça m’en bouche un coin, je croyais naïvement la tradition philosophique émancipée de la loi du marché, et de ces échanges que ces groupuscules aimeraient bien par ailleurs voir réduits au strict minimum...mais le droit de ne pas être logique fait, lui, partie des avantages acquis tout le monde le sait."

                      Tu t’étonnes naïvement de l’existence d’une "tradition philosophique libérale", pensant que la philosophie était "affranchie de la loi du marché" ? Tu parles sérieusement ? Peut-être qui faudrait aussi instaurer des cours de rattrapage animés par les étudiants pour aider ceux d’entre nous qu’ont loupé les leurs - alors que personne ne les empêcher d’y aller...

                      Le "libéralisme", pour toi, c’est juste de l’économie ? La philosophie politique libérale, dont un certain nombre de thèses font partie du fondement de nos démocraties, te semble inexistante ?

                      Quant au lien entre les idées et les forces sociales, et l’idéalisme hallucinant dont tu fais preuve (au sens propre), laissons-cela pour un autre débat sur la façon dont les idées se produisent & se diffusent...

                      Plus sérieusement, il serait du plus grand avantage si, d’un côté comme de l’autre, à droite & à gauche, on évitait, nous, les jeunes, qui plus est ayant eu cette si belle chance d’accéder aux écoles de la République (si !si ! je vous jure !...), de refuser de nous laisser encastrer dans des débats idéologiques qui ne sont pas les nôtres, mais les leurs.

                      Si nous refusons cette loi Pécresse, ce n’est pas parce que nous voudrions que les "échanges" du "marché" "soient réduits au strict minimum", c’est parce que cela va à l’encontre du principe d’égalité au fondement de la République (encore une fois, lire la lettre du dir de Sciences Po)

                      Et quant à parler d’ "illogisme", il n’y a pas plus "illogique", de la part des apôtres du libéralisme, que de financer le complexe militaro-industriel à ce point (aux USA - ouch ! on retourne à ça...), pas plus illogique que d’imposer le protectionnisme à tout crin dès que cela nous arrange (ça, c’est pour l’UE aussi), pas plus illogique que d’intervenir sans cesse dans les médias comme un certain... (ah ! il est parti en Chine !...). J’apprenais hier, au fait, qu’en Alaska il y a un revenu universel garanti (par le fric issu du pétrole). Marrant, hein ! le pays des chercheurs d’or s’est tranformé en paradis socialiste !!!

                      • chercheurs d’or 27 novembre 2007 12:20, par david
                        • chercheurs d’or 27 novembre 2007 18:42, par Aristote

                          David : il n’y a aucun mépris dans mes propos, juste de l’humour noir, très très noir.

                          Je relève seulement deux illogismes, parmi tant d’autres, dans ta réponse :

                          1) on financerait le complex militaro-industriel !...tu fais de l’humour noir toi aussi ? Militaro surement pas, car les poncifs de la guerre froide relayés par la gauche en France ont servi : nous n’avons plus d’armée. Consulte les vrais experts et non les tracts de Sud. Nous en sommes revenus à une armée comme celle qu’on avait en 1939 (notre armée ayant alors été sapée par le Front Populaire c’est à dire la gauche de l’époque) et qui s’est faite battre à plate couture par Hitler. Qu’un nouvel Hitler se lève et je tremble pour l’avenir de la France.

                          Industriel ? Mais on n’a plus d’industrie ! On est en train de devenir un gentil petit pays touristique, et vu notre démographie, si tu veux gagner ta croûte, tu abandonneras la philo et te reconvertiras dans les chambres d’hôtes...

                          2)"de refuser de nous laisser encastrer dans des débats idéologiques qui ne sont pas les nôtres, mais les leurs"dis-tu. Mais toi tu te laisses encastrer dans quels débats idéologiques ? De quelle idéologie es-tu le prisonnier, lobotomisé et asservi ?...

                          etc

                          • a quoi sert le blocage ? au pire 29 novembre 2007 20:40, par Anonyme courageux mais pas téméraire

                            vu sur le site de Patrice Baubeau, maître de conf’ à Nanterre, sous le titre "pourquoi je suis contre le blocage" :

                            ....Bref, sans méconnaître les graves difficultés actuelles et l’urgence d’une réforme budgétaire et sociale de l’Université, les grèves avec occupation ruinent un peu plus la crédibilité de l’Université à délivrer des diplômes, à former des jeunes pour l’avenir, à attirer les bacheliers des prochaines années. Elle s’étiole ainsi, peu à peu, alors que ce n’est pas la loi LRU qui organise la privatisation de l’enseignement supérieur, mais la fuite massive des étudiants, aidés par leurs parents, vers les formations sélectives. Enfin, n’oublions pas que cette fuite massive n’est pas socialement neutre, mais qu’elle concerne surtout les étudiants qui ont les “moyens”, financiers ou scolaires, d’échapper à l’Université. En acceptant la grève avec occupation, nous acceptons aussi que ceux qui ont le plus à perdre de l’échec de l’Université soient ceux qui paient le plus lourd tribut : la politique du pire mène souvent au pire.

                            • cher monsieur bobo. 1er décembre 2007 02:39, par baba

                              très bonne analyse : ceux qui quittent la fac pour les grandes écoles sont les plus favorisés. Est-ce parce qu’ils supportent moins bien que les pauvres l’université de merde que nous avons en france ? (sous-entendu, les pauvres sont habitués à vivre dans la merde...) Eh non : les favorisés sont acceptés dans les grandes écoles parce qu’ils ont un capital culturel, un capital financier plus grand. Et c’est juste ça ? selon m. bobo, la seule chose que nous puissions faire, c’est redorer l’image de la fac, en montrant qu’on travaille dur et qu’on ne se mêle pas de ce qui nous concerne comme la LRU.

                              c’est surtout ta situation de maître de conf qu’on protège en allant en cours comme si de rien n’était ! aujourd’hui on a cent fois moins de chances que toi d’être maître de conf, et tout ce que tu trouves à dire, c’est de nous reprocher de faire grève ?

                              Vous me faites pitié, tous tellement écrasés sous le poids de la "réalité économique" que vous ne voyez même plus que ce qui se passe est l’oeuvre de choix POLITIQUES ! l’économie n’a de pouvoir que parce que l’Etat a démissionné ! il est temps que les citoyens reprennent en main les politiques budgétaires et redonnent les priorités : l’humain ou le business ?

                              • cher monsieur bobo. 1er décembre 2007 11:53, par Réaliste

                                @ Baba :

                                Mais c’est l’humain ET le business, bien sûr. Dans un juste équilibre. Mais toi même tu privilégies l’argent, relis-toi : tu ne parles que de ça à chaque ligne. De même que les bloqueurs : ils ne parlent que d’argent. Alors ils sont bien mal placés de reprocher aux autres de le faire.

                                M.B. a raison : il est clair que bloquée, notre université va encore un peu plus droit dans le mur : merci les bloqueurs. Et pourquoi les gens qui le peuvent la fuient ? Parce qu’ils fuient des gens comme toi, qui les empêchent de travailler et qui minent et plombent la fac.

                                Tiens, moi, je me pose très sérieusement la question d’aller dans une fac privée. Là au moins il n’y aura ni grève ni bloqueurs.

                                • ". De même que les bloqueurs : ils ne parlent que d’argent. Alors ils sont bien mal placés de reprocher aux autres de le faire. "

                                  FAUX. Un simple coup d’oeil rapide au documentaire sur L’Université par Th. Lacoste t’aurais appris qu’il y a bien d’autres enjeux sous cette loi que les $$$ :

                                  -  restriction drastique du principe démocratique de collégialité dans l’administration de la fac, obtenue par les luttes de Mai 68 ;

                                  - dissolution du principe de sélection des professeurs par leurs pairs ; "un prof géographe pourra désormais être choisi par un pharmacien" comme le dit justement l’un des intervenants du docu de Lacoste.

                                  D’où le sens de la pétition du Conseil National des Universités signée par des enseignants-chercheurs :

                                  "Au regard de ces objectifs, les procédures de recrutement qui sont envisagées par le projet de loi nous paraissent inadaptées. Elles portent atteinte au principe du recrutement par concours, au principe de collégialité, et au principe constitutionnel d’indépendance des Professeurs d’université.

                                  Cela vaut, en premier lieu, pour les « comités de sélection » des enseignants-chercheurs. La loi précise il est vrai qu’ils doivent, en majorité, être composés de spécialistes de la discipline concernée. Toutefois, ils ne sont pas élus par ces derniers, comme c’est le cas actuellement, mais « créés » par le Conseil d’Administration (CA) de l’université qui en « choisit » les membres. Or le CA ne comporte pas nécessairement de représentants de cette discipline et ils y sont en toute hypothèse minoritaires. Autrement dit, c’est une instance administrative locale qui choisit les recruteurs, et donc qui gouverne le recrutement sans compétence indiscutable.. Ensuite, la loi reconnaît au président de l’université un droit de veto sur l’ensemble des recrutements. Certes, il est nécessaire que l’université puisse intervenir lorsqu’un comité de sélection méconnaît les règles en vigueur. Mais cette prérogative est déjà reconnue au Conseil d’Administration. Pourquoi conférer à une seule personne un pouvoir aujourd’hui placé entre les mains d’un organe collégial ?

                                  Enfin, la loi permet au président d’université de recruter des Professeurs et des Maîtres de Conférences contractuels, le cas échéant contre l’avis du comité de sélection.

                                  Ces dispositions, qui centralisent le pouvoir de décision entre les mains de l’équipe présidentielle, ne peuvent pas favoriser le recrutement des meilleurs et la mobilité des enseignants-chercheurs. Sans doute, les procédures de recrutement actuelles comportent des défauts. Des propositions ont été faites par diverses instances pour les améliorer, mais elle ne sont pas prises en compte par le texte. En revanche, les dispositions du projet n’apportent pas de garanties nouvelles ; au contraire, elles aggravent les risques. En mélangeant pouvoir administratif et décisions scientifiques, la loi envisagée s’écarte des standards internationaux de recrutement par les pairs. Elle risque d’isoler l’université française dans ses relations avec ses homologues étrangères."

                            • Et la tribune de J. Valluy, "Le mouvement universitaire, les “blocages” et les significations de l’antiblocage", tu l’as vue aussi ?

                              "En effet, la démocratie que nous connaissons aujourd’hui est le résultat de plus de deux siècles de révolutions et de mobilisations sociales qui ont exercé des contraintes sur la société pour la faire progresser. Or le « blocage », sous des formes diverses et variées, à toujours fait partie du répertoire d’action dans ces luttes progressistes qui bénéficient aujourd’hui à tous : personne ne conteste le principe des manifestations de rue qui pourtant, et inévitablement, « bloquent » la circulation routière. De même, toute action de grève dans la fonction publique a nécessairement pour effet de « bloquer » l’accès des usagers à certains services publics (transports, communication, écoles, etc.). Chaque fois que des enseignants font grève ils réalisent un « blocage » en interdisant à la totalité de leurs étudiants ou élèves de suivre des enseignements : peut-on admettre ce pouvoir de blocage des enseignants et le refuser aux étudiants ? La CGT et d’autres syndicats seraient-ils aujourd’hui contre le droit de grève des enseignants ? Il serait très étonnant qu’après avoir contribué au blocage du pays tout entier, au moment des grèves dans les transports publics, des syndicats puisse répondre positivement à ces deux questions. Si les réponses sont négatives, il faut alors reconnaître que la stigmatisation, par certains collègues, des « blocages » étudiants est, politiquement, de nature réactionnaire."

                              • a quoi sert le blocage ? à rien !... 9 janvier 2008 19:22, par Aristote

                                Où en sommes-nous, après deux mois de discussions aporétiques, c’est à dire complètement inutiles et tournant lamentablement en rond ?

                                Ou en sommes-nous maintenant, après avoir regardé d’un oeil absolument incrédule les trois étudiantes boutonneuses et aux cheveux hérissés (trop d’insomnie, c’est pas bon pour les cheveux) nous montrant en silence, pendant les cours et avec la permission du prof’, trois feuilles de papier mal agrafées sur lesquelles était maladroitement inscrite une phrase de Brassens (d’ailleurs on ne les a plus jamais revues nulle part après ce non-exploit) ?

                                Ou en sommes-nous, après avoir été taxés de réacs et autres gracieusetés pas très philosophiques ? (de toute manière on est toujours le réac de qulqu’un).

                                Où en sommes-nous à part cette table qui barre l’entrée du batiment L et qui de loin promet monts et merveilles (un café bien chaud, un nouveau poly avec toutes les réponses... ?) et autour de laquelle on trouve toujours les mêmes happy few auto-proclamés dans la mission de nous éduquer massivement (et de louper leurs exams magistralement, à moins que mais oui j’y songe, certains profs plus révolutionnaires qu’eux leur aient déjà promis la mention bien, -avec une belle intrépidité, pour ne pas dire plus- pour cause de syndicalisme virulent et (ir)responsable...)

                                Où en sommes-nous ?... Nulle part. Non seulement la loi Pécresse n’a pas été abrogée, mais elle a de beaux jours devant elle.

                                Nous, le vulgum pecus, qui ne faisons pas d’agitation et allons bêtement aux cours que les profs sont payés pour nous faire, même quand ils font la révolution, sommes promis à la feuille blanche et aux sueurs froides. La philosophie semble toujours exister. Je ne l’ai pas rencontrée ces derniers temps mais elle est sûrement tapie quelquepart.

                                Mais, question : y-a-t-il une justice immanente ?...

  • A quoi sert le blocage ?

    9 janvier 2008 21:54, par jean-marc

    Cher aristote, merci d’élargir un peu ta vision, c’est plus facile comme ça à lire...

    Où en sommes-nous, dis-tu ? discussions aporétiques, parle pour toi ! en ce qui me concerne, les discussions que j’ai pu avoir sur ce forum et en dehors ne sont pas du tout aporétiques : cette loi est mauvaise de bout en bout. Elle est un ramassis de bonnes intentions sans moyens de les appliquer. La mobilisation n’a pas été assez forte pour la faire retirer, mais ça tu ne vas pas nous reprocher de ne pas avoir assez fait pour convaincre autour de nous :)

    durant ce mouvement social d’ampleur honnête même s’il est nécessairement décevant, je pense qu’on est beaucoup à avoir appris énormément sur le fonctionnement de l’université et sur cette fameuse question de la professionnalisation. En aurait-on appris autant s’il n’y avait pas eu de mouvement ? sûrement pas.

    en ces temps de sarkozysme oppressant, l’université a prouvé qu’elle pouvait être une fenêtre pour envisager les choses sous un autre angle.

    • Ce que j’ai appris... 16 janvier 2008 12:50, par Aristote

      Cher Jean-Marc

      Tu te trompes, j’ai moi aussi appris beaucoup de choses pendant ce blocage.

      J’ai appris que les bloqueurs étaient des gens très très gentils, brillants parfois, mais hélas téléguidés malgré eux par une poignée de profs qui n’ont évidemment pas les mêmes intérêts.

      L’ironie est que certains profs opposés à a loi avaient intérêt à ce qu’il y ait un blocage. Mais certainement pas les étudiants...

      J’ai donc appris qu’il y a des profs qui ne roulent que pour eux. Certains sont même capables, après le blocage, d’être encore absents des cours sous prétexte de colloque et autre participation de dix minutes dans le campus, alors que faire cours à des étudiants est leur première raison d’être et leur légitimité...

      Quant à la loi, j’ai appris que personne ne la connaissait vraiment, il faudrait pour cela assister au fonctionnement de l’université de l’intérieur, savoir tout ce qui se passe en amont et en aval dans toutes les décisions pour tout saisir...

      C’est pour cela que je dis que toutes nos discussions, bien que très conviviales, très agréables et toujours instructives, ont été assez aporétiques, avec un bilan globalement négatif, avec à la clé des partiels ratés...

    • A quoi sert le blocage ? 16 janvier 2008 16:54, par jean-marc

      les bloqueurs téléguidés par les profs ! on nous l’avait jamais faite celle-là !

      quand on voit à quel point on a ramé pour les mobiliser, on se dit que c’est sûr, ce sont les profs les plus pervents pro-bloqueurs !! mais lol.

      ceci dit, je ne dis pas ça pour les défendre, car effectivement un bon paquet en ont profité pour se consacrer à leurs projets perso tout en touchant leur salaire.

      bref.

      enfin, tu trouves ça normal qu’on subisse des lois qu’on ne connaît pas ? tu crois que pécresse et son équipe connaissent mieux les réalités étudiantes que nous ? si chacun se mêlait un peu plus de ce qui le regarde, c’est à dire si les étudiants étudiaient la lru, la situation serait moins préoccupante.

      on va organiser dès le début du prochain semestre des rencontres-débat sur le fonctionnement de l’université. investissez-vous dans la préparation : contactez philopx@gmail.com

      • A quoi sert le blocage ? 16 janvier 2008 20:52, par Aristote

        Non, Jean-Marc, je ne trouve pas du tout normal qu’on subisse des lois qu’on ne connait pas !...

        Mais là, connais-tu toutes les lois sur les loyers ? Toute la législation du travail ?... et le fonctionnement du parlement européen ?...

        Tu fonctionnes avec des tonnes de lois que tu es censé connaitre mais dont tu ne soupçonnes même pas l’existence et qu’il ne te viendrait jamais à l’idée de contester !...

        Quant à Pécresse, ce n’est pas tant la réalité étudiante qui lui importe, (mais t’inquiète elle a ses infos et en connait un bout) mais la réalité de l’université qui se casse la figure chaque jour un peu plus faute de crédits, faute de diplômes de bon niveau, d’attractivité, la parente très pauvre des grandes écoles...


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