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Michel Nebenzahl

jeudi 19 avril 2007, par lapholie


Michel Nebenzahl, né en 1941, est maître de conférences en philosophie, écrivain, psychanalyste, metteur en scène et acteur. A l’Université de Nanterre, il dispense six séminaires en licence, « La pensée du cinéma » ; « l’écriture aux frontières des disciplines » ; « La connaissance philosophique : Nietzsche » ; « Shakespeare et la philosophie » ; « La « globalisation » comme rencontre du psychique et du social » : « cosmopolitisme et singularités » ; « Esthétique et logique de l’inconscient ».

Quelles raisons vous ont poussé à vous orienter vers la psychanalyse après des études de philosophie ?

La première dimension qui m’a fasciné, c’était la musique. Je voulais être pianiste : j’ai fait huit ans de piano et cela fut une déception quand mes parents et mon professeur m’ont fait comprendre que c’était une carrière aléatoire. Mais, la musique a été et est toujours pour moi, la base de tout ce que j’ai fait par la suite. Je pense que la dimension de l’écoute conditionne celle de la vision, celle de la parole et que, si l’on n’a pas, comme on dit, « l’oreille musicale », une sensibilité musicale, bien des choses que l’on fait par la suite, ne seront faites qu’à moitié. Ce qui s’est passé après la musique, c’est que, tout en poursuivant mes études, j’avais rencontré justement à travers les amis de ma famille, un acteur qui avait joué au théâtre Habima de Moscou, élève lui-même de Vakhtangov, et qui m’a formé quand j’avais 15/16 ans. J’ai toujours retenu ce qu’il m’avait appris entre la différence de Vakhtangov et de Stanislavski qui est importante. J’ai joué… et puis, je voulais faire médecine. Je me destinais à la médecine et, d’ailleurs, ce qui m’intéressait plus particulièrement, dans la médecine, c’était la chirurgie.

Là aussi, ce fut une grande surprise. En classe de Sciences expérimentales, j’ai eu comme professeur de philosophie, Pierre Kaufmann, qui enseigna par la suite à Nanterre. Pierre Kaufmann m’a dit : « Vous savez, vous avez un certain don en philo, cela ne vous intéresserait-il pas de faire philosophie ? ». J’en ai parlé à mes parents et ils étaient soulagés de me voir abandonner médecine. Alors, pourquoi ? Cela paraît paradoxal. Mes parents disaient que, quand on est médecin, on n’a plus de vie à soi, c’est-à-dire moins de liberté. Je dois dire que c’est un argument qui m’a frappé à l’époque. Je suis donc entré, en classe de philo, au Lycée Janson de Sailly où j’ai eu un professeur remarquable ―que m’avait conseillé Kaufmann : Pierre Bonnel qui avait pris pour manuel de philosophie la "Phénoménologie de l’Esprit" de Hegel et, en même temps, à l’époque, les œuvres traduites de Heidegger. Je dois dire que j’étais beaucoup plus intéressé par Hegel que par Heidegger donc j’ai évité la maladie heideggerienne assez tôt. Cette formation propédeutique m’a été très favorable. J’ai pu réfléchir à la manière d’aborder la philosophie de façon un peu plus large que la seule discipline.

Ensuite, je suis rentré en hypokhâgne à Louis Legrand, et en Khâgne à Janson de Sailly. Mais, en même temps, je suivais d’autres enseignements, ce qui m’a permis de faire, notamment, de l’archéologie préhistorique, où j’ai suivi l’enseignement de Leroi-Gourhan. J’ai eu un certificat d’ethnologie en suivant les séminaires de Lévi-Strauss au Musée de l’homme et, en même temps, la lecture de Marx m’a conduit à obtenir un diplôme d’économie politique et sociale, et celle de Freud au diplôme de psychopathologie. Les professeurs étaient alors Daniel Lagache, Thérèse Lempérière, et les professeurs Delay et Pichot pour la présentation des malades à l’Hôpital Ste-Anne… Cela se faisait sur deux ans. Ensuite j’ai fait mon mémoire de maîtrise sur Schopenhauer et Freud. J’avais remarqué dans l’œuvre de Freud que celui-ci citait souvent un article, alors non encore traduit de Schopenhauer, une "spéculation" sur le caractère apparemment intentionnel de l’existence, j’en ai fait la traduction et un commentaire pour montrer ce qui avait constitué l’intérêt de Freud pour ce texte de Schopenhauer.

Tout en faisant ma seconde Khâgne, je voyageais. Je suis parti, j’ai fait des voyages un peu partout en Europe. J’ai fait une seconde Khâgne très éclectique puisque j’ai passé six mois à Cambridge, à St John’s College et rédigé l’équivalent d’un "Master" sur les traces de Machiavel dans l’oeuvre de Shakespeare. J’ai suivi les cours de Max Horkheimer sur Kant à Francfort et ceux d’Ernst Bloch sur la conscience virtuelle à Tübingen. D’ailleurs, la manière dont on enseignait Kant était très différente de ce qu’on recevait en France. L’orientation de l’enseignement sur Kant était beaucoup plus large que la discipline : elle prenait en compte les bases critiques, anti-systémiques de l’approche kantienne à savoir la question du langage, la question de l’histoire, et pas seulement la question épistémologique telle qu’on l’avait reçue à la Sorbonne. C’était pour moi une grande découverte que cet autre Kant. J’ai aussi suivi des cours d’histoire de l’art sur la naissance de la perspective à l’Université de Sienne, en Italie. J’ai échoué à Normale ; je me suis d’ailleurs fait engueuler par Hyppolite à cause du thème latin et j’ai passé mon agrégation en 65.

Comment êtes-vous venu à la psychopathologie ?

J’ai toujours eu un intérêt pour ce domaine. Je n’ai jamais cessé de lire Freud. La psychanalyse, je l’ai rencontré à travers une psychanalyse, bien sûr. C’est fondamental.

Quand est-ce que vous avez commencé votre cure ?

J’ai commencé ma psychanalyse assez tard, j’avais 35 ans ― il n’est jamais trop tard ― et c’était à travers un moment, effectivement, assez difficile de ma vie personnelle. Je dois dire que cela m’a permis de traverser les choses mais surtout cela m’a permis de voir à quel point la psychanalyse pouvait toucher profond dans le psychisme humain. Faire une psychanalyse, c’est pouvoir vérifier sur soi-même le génie de l’invention freudienne.

Cela a duré combien de temps ? Sept ans suivie de ce qu’on appelle une psychanalyse "didactique", que j’ai faite, de façon non banale, avec François Perrier. J’ai suivi les séminaires d’approche clinique de la psychose à Ste Anne. Je faisais d’autres choses en même temps : je continuais à enseigner et je n’ai jamais interrompu mon enseignement. J’ai travaillé dans des écoles de théâtre nationales, dans des entreprises… Si c’est cela qui vous intéresse plus particulièrement, il faut savoir qu’il n’y avait pas que cette dimension là dans la vie. La psychanalyse m’a été utile partout : dans le théâtre, dans l’entreprise, dans l’enseignement. C’était aussi important que ce que je vous ai dit, au début, sur la musique. La psychanalyse et la musique sont deux dimensions que je n’ai jamais dissociées, c’est-à-dire ce que l’on pouvait entendre et faire, par rapport à ce que l’on pouvait donner, aux autres.

Donc, en clair, comment devient-on psychanalyste ? Si les étudiants voulaient devenir psychanalystes, quels conseils leurs donneriez-vous ?

Je leur dirai d’abord, d’avoir, comme le disait Foucault, un grand souci de soi mais aussi, un souci de l’autre, une écoute de l’autre, d’être tourné vers l’humanité de l’être humain, d’avoir un grand amour, un grand appétit humain, savoir observer, de s’intéresser à ce que sont les êtres humains dans leurs comportements, leur manière de marcher, de s’habiller, de se coiffer, de manger, bref, de parler, de lire, d’aimer telle ou telle chose, de communiquer leur passion… Voilà, pour la première des choses. La seconde, c’est d’avoir tout de même une formation clinique. Celle qu’on recevait à l’époque était loin d’être mauvaise ― un DESS de psycho-clinique ― avec des stages dans les hôpitaux psychiatriques. J’ai effectivement travaillé avec la psychose par l’intermédiaire d’une association ; avec le milieu carcéral ( la Prison Centrale pour les femmes de Rennes) pendant deux ans, avec le milieu des handicapés pendant trois ans... J’ai aussi une pratique personnelle, mais je dois dire que devenir psychanalyste, ce n’est pas quitter le reste de la vie… tout en restant la base et l’horizon de toute intervention pragmatique, la grande école de la liberté...

Vous avez travaillé dans les prisons ; est-ce que vous pourriez nous parler de votre expérience ?

C’était lorsque j’enseignais la formation de l’acteur et la dramaturgie au théâtre, à l’école du théâtre national de Bretagne, à Rennes. J’avais une amie chorégraphe qui travaillait dans la prison centrale de Rennes avec les femmes. Cette amie chorégraphe, connaissant ma formation, m’a dit « Il serait intéressant que tu viennes faire quelque chose dans cette prison ». J’ai accepté. Ce qui m’intéressait, c’était d’écrire une pièce de théâtre pour les personnes avec lesquelles j’allais travailler ― elles seraient une dizaine. Avant de connaître la prison de Rennes, j’ai écrit pour ces personnes une pièce qui a pris ensuite le titre : Cantate pour huit détenues ― puisqu’à la fin, elles n’étaient plus que huit. J’ai apporté l’esquisse de cette pièce déjà complète pour travailler avec ces femmes et cette expérience fut une immense surprise. Ma camarade travaillait sur l’expression corporelle et, moi, je travaillais sur la parole, sur le lien entre le corps et le geste, sur la respiration, les silences, l’intensité. Pourquoi cela a-t-il été une grande surprise ? C’est que ces femmes que, je ne connaissais pas lorsqu’elles ont commencé à travailler sur ce texte, ont dit « mais vous connaissez tout de notre vie ! ». Avant, j’avais travaillé aussi dans les banlieues difficiles, notamment dans une ville, Dreux, où il y avait beaucoup de délinquance ; j’avais ouvert un atelier de théâtre et j’ai pu prendre connaissance de cette population d’adolescents en difficulté et à travers l’outil de la formation de l’acteur. Cela avait permis de donner un cadre d’expression à cette délinquance et de faire connaissance avec des personnes, disons, excessives. Ces personnes avec lesquelles j’ai travaillé se sont reconnues dans les paroles que j’avais inventées ; elles ont reconnu leur vie. Ce fut absolument une expérience extraordinaire, très émouvante, pour moi, au point qu’on m’avait demandé, à un moment donné « est-ce que vous voulez connaître leur dossier pénal ? ». J’ai répondu : « non, non ; je travaille. Je ne veux rien connaître du tout de leur dossier pénal ». Petit à petit, ces femmes prenaient conscience de ce qu’elles pouvaient faire et mon orientation, c’était de les faire sortir de prison le plus vite possible parce qu’elles étaient vraiment remarquables, remarquables dans leur prise de conscience ; elles se cognaient la tête contre les murs en disant « mais qu’est-ce que j’ai pu me « gourer » dans ma vie ! Maintenant, j’ai tout compris ». Après un an et demi de travail, avec ces femmes, j’ai reçu une convocation du juge du dispositif « Justice culture » qui était mon employeur et qui m’a dit : « Monsieur Nebenzahl, on arrête votre expérience ». J’ai demandé pourquoi : « parce que vous allez vers la réduction des peines et que ce n’est pas du tout notre intention dans la justice ! ». J’ai mis plusieurs mois pour pouvoir accepter cette décision de la justice française.

Tout à l’heure, vous aviez parlé de la psychose dans les prisons. Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus sur la psychose ? Parce que si, en philosophie, on parle de « folie » ; en revanche, en psychanalyse, on ne parle pas de « folie » mais bien de « psychose », de « névrose ». Qu’est-ce que la psychose selon vous ?

Permettez-moi de vous corriger tout de suite. Vous avez dit « la psychose dans les prisons ». Non ! Les prisonnières avec lesquelles j’ai travaillé n’étaient pas psychotiques. Certes, par la suite, j’ai appris qu’il y a avaient des délits d’infanticides. Pendant que je travaillais, je ne savais rien. Mais, surtout, que les étudiants de philosophie réalisent une chose : c’est que, ce qu’on appelle « folie », n’a rien à voir avec la psychose, la névrose ou la perversion. La folie, est une entité très particulière. Cela concerne aussi bien l’expression artistique, le génie d’une personne. Cela peut concerner tout ce qui se situe, de façon je dirai plutôt créatrice, au bord des conventions, des normes, des habitudes, des « savoir-reçus », disons qu’elle advient quand on ne croit plus, quand on ne croit plus en aucun "système" et qu’il faut naviguer en haute mer sans boussole, réinventer le sens : une chance ! La folie a donc une connotation tout à fait positive.

Parler de la psychose. Bien sûr, j’ai travaillé dans une association autour de la psychose mais il n’y avait pas que cet aspect. Si on aborde la question de la psychose, je pense qu’on ne peut pas la séparer de la question des névroses narcissiques, des névroses en général, de la perversion en général, de toute la clinique. Je pense qu’il faut prendre la clinique comme un ensemble puisque c’est la question du destin, des destins du psychisme humain. Le psychisme humain a des destins différents qui sont liés d’une part aux gènes, d’autre part, à l’environnement, mais aussi spécifiquement, à l’évolution du psychisme singulier, lié à chaque personne. Je veux dire qu’il y a causalité génétique ou biologique et qu’il y a une causalité largement sociale ou sociologique. Il y a aussi une causalité que Freud appelait « métapsychologique » dont il faut absolument tenir compte pour aborder la question du psychisme. On ne va pas rentrer dans le détail parce que ce n’est pas la question ici. La psychose est un des visages de l’humanité ; il faut s’en rendre compte, c’est une modalité de l’humanité, comme on dirait de quelqu’un qu’il est avare, c’est un destin possible de l’humanité. C’est ainsi qu’il faut la rencontrer. Et quand on la rencontre, ce visage représente une possibilité de l’humanité que nous devons, non seulement reconnaître mais que nous devons apprendre à respecter, je dirai même…à aimer. Il y a plusieurs formes de devenirs humains. Ce qu’on appelle aujourd’hui « un être normal » est une modalité relativement pauvre de devenir humain, infiniment plus pauvre quand on la regarde, que quand on travaille, qu’on vit, qu’on fait des choses avec des psychotiques. De ce côté-là, je pense qu’il faut être très relatif sur les multiples formes que peut prendre l’être humain. Nous ne savons pas encore ce qu’est la causalité psychique, pour autant que nous croyons connaître la causalité génétique, la causalité sociale, etc.… Elles ne nous permettent pas de dire ce dont le psychisme humain est capable. Nous savons que le psychisme humain est capable de résister. C’est ce que nous ont montré les résistances politiques, les camps de concentration et d’autres épreuves… Nous ne savons pas ce que le psychisme humain peut traverser, peut surmonter. La première chose qu’il a, à surmonter, c’est la bêtise humaine qui, aujourd’hui, à mon avis, est arrivée à un point tout à fait étonnant. Je ne vais pas m’attarder dessus.

Pour conclure sur cette question, j’ajouterai que le psychisme doit traverser le suicide, le meurtre, les tentations de fusions passionnelles ou politiques et que, une fois qu’il a pu traverser tout cela ― mais qui peut traverser tout cela ? Traverser toutes ces possibilités du psychisme, c’est arriver à un point que l’on appelle « le sujet ». La notion de « sujet » est, je pense, ce qui est le support d’un psychisme qui ne se laisse pas capturer, ni par le meurtre, ni par le suicide, ni par les fusions passionnelles ou politiques.

Pour vous donc, si je récapitule, la folie est un génie créateur, une force créatrice, quelque chose de positif ; mais, d’un autre côté, la psychose révèle aussi quelque chose, c’est-à-dire l’essence de l’humanité. Elle révèle ce que Freud appelait « l’inquiétante étrangeté de l’être »… A ce propos, qu’est-ce que Artaud révèle par sa maladie-même ?

Il y a plusieurs remarques. Il n’y a pas de « maladie d’Artaud ». La psychanalyse s’est inventée justement pour désamorcer l’idée même de la maladie mentale. Les philosophes ― Canguilhem par exemple ― ont réfléchi sur la notion de monstre, de monstruosité. Le monstre, c’est une forme que prend la nature, et même l’informe n’a rien de monstrueux, au sens courant du mot. Les grands artistes nous ont montré cela. Je pense à James Ensor. Il n’y a pas de « maladie mentale d’Artaud ». Artaud, comme chaque être humain, est quelqu’un qui a traversé, à sa manière, la question psychique et qui nous a fait bénéficier de cette traversée absolument hallucinante, étonnante et passionnante. Artaud a été, si j’ose dire, un pionnier du psychisme, un aventurier, quelqu’un qui est rentré dans un terrain inconnu sans les protections qu’ont les médecins ou les psychiatres ; là, je vous rejoindrai, peut-être, sur ce que vous disiez à propos de « l’inquiétante étrangeté » de Freud. Mais, vous savez, quand vous rencontrez un ou une psychotique… Freud avait un jour une parole et c’est, pour moi, une pensée beaucoup plus juste pour répondre à la question de ce que Freud pensait sur la psychose. C’est une dernière note qu’on trouve dans l’abrégé de psychanalyse dans laquelle il est écrit, ou il est dit que, même dans la démence hallucinatoire (l’amentia de Meynert) ; il dit que, même dans le stade que l’on pourrait le plus nommer comme étant « maladie mentale », que même dans ce stade, là où l’autre n’existe pas ou plus ; il y a , dit Freud, quelqu’un qui fait et qui sait, au fond, tout ce qui se passe ailleurs : il y a un veilleur qui est toujours là. Il y a bien quelque chose du psychisme qui échappe à tout l’épinglage en terme de maladie mentale : c’est, précisément, ce qu’on appelle « le sujet ».

18 Messages de forum

  • Michel Nebenzahl

    21 octobre 2007 16:50

    Merci beaucoup, encore une manifestation de la générosité incontournable de Michel Nebenzahl, mais cette générisoté n’est-elle pas celle du sujet ?

    A certains instants de la vie c’est ce sujet qui m’aide à ne pas renoncer à être un sujet, car il m’arrive d’avoir envie d’abandonner, et ce sont de tels êtres humains qui me réveillent, créent en moi cette émotion de bonheur, et me redonnent confiance en la Vie.

    • Michel Nebenzahl 26 octobre 2007 17:05, par Kael
      Un etre merveilleux qui va bien nous manquer.
      • Michel Nebenzahl 3 février 2008 11:29
        Pourquoi nous manquer ? Inquiétude...
  • Michel Nebenzahl

    4 février 2008 08:54

    à moi il ne va pas manquer !

    aucun fond philosophique aux propos de ce bonhomme, mais surtout un ego monumental qui le pousse à séduire et agresser les étudiants...

    quand il enfile les idées sans les justifier, pour le simple plaisir de susciter l’enthousiasme de l’auditoire à partir de quelques termes-clés, je dis : démago !

    quand il engueule les étudiants qui osent demander un peu plus de cohérence et de rigueur à son excellence sérénissime, je dis : imbécile.

    bien sûr, il connaît beaucoup de choses, et les convoque volontiers de manière parcellaire pour épater la galerie. bien sûr, il dégage beaucoup d’amour à ceux qui lui en renvoient, mais à ceux qui hésitent, c’est le mépris.

    je connais plein de gens qui sont amoureux de lui, pas mal de gens qui en reviennent dégoûtés, et quant à moi je suis toujours stupéfait de cet être si puissant et si naze.

    je ne vous demande pas de changer d’avis sur ce type, mais au moins de prendre une demi-seconde de recul : la philosophie n’est pas une affaire de passion mais de raison.

    • Partir en souriant 12 février 2008 12:28, par Un ancien élève
      Il déclenche surtout l’aversion de ceux qui ont le charisme d’une huître. Et oui, je le confirme, il va nous manquer. Quand on voit la tronche des agrégatifs, cheveux gras, les yeux pleins de doute, 3 échecs au minimum et qui rêvent d’un tableau d’honneur que certains enseignants élèvent au premier rang du podium, c’est juste inimaginable. C’est donc ça la philosophie ?! Ce battre pour un concours qui n’est reconnu nul part ailleurs que dans cette petite France, et qui aura disparu d’ici moins de 10 ans. Il y a malaise dans ce département de philosophie, et c’est justement à cause des enseignants installés et engoncés dans leur velours côtelés et vestes à carreaux. Ca fait rêver ça ? Etre dans un fauteuil à se prendre la tête sur un texte qui n’intéresse que VRIN (quand les dis textes ne sont pas relégués en dernière division chez l’Harmattan par exemple) ? C’est ça le fin du fin : partager un bureau sans fenêtre, avec 6 autres personnes, au 4 ème étage ? Au moins Michel Nebenzahl avait le cran d’ouvrir son bec pour réfléchir un peu, et éviter de distiller un cours du style philosophie de la chimie ou le télescope au XVème siècle... Entre les philosophes somnolents, et les intitulés de cours à vomir, on est condamné à s’encroûter à coup sur. Tous le monde le sait, l’enseignement de la philosophie est un monde qui finit. Et pourtant au lieu de dynamiser et tenter de recontextualiser le rôle de l’enseignement de la philosophie et de ses modalités, on continue à s’accrocher à des textes aussi inutiles que cinglés. Le meilleur exemple en est Heidegger. Les outsiders comme Michel Nebenzahl constituent l’avenir, les autres finiront bien dans un laboratoire quelconque du CNRS à étudier la question de la mort chez Jankélévitch, quand le département de philosophie aura disparu définitivement de Paris X (d’ici moins de 10 ans à mon avis). Quand à ceux qui phantasment sur un cours de philosophie sans relief, qui ne dérange pas leur petite pensée unique, obtenez la mention TB à votre M1 et allez à l’ENS étudier un machin pré-fabriqué, qui ne vous permettra jamais de faire de la philosophie, une pensée. Les cours de Michel Nebenzahl en étaient un bel exemple ; et il y en a d’autres, y compris dans ce département de philosophie, espérons qu’ils pourrons faire entendre leur voix.
      • Partir en souriant 12 février 2008 19:43, par Un mec vénère

        Ouais c’est grave clair, franchement faut être un vieux gars pour pas kiffer Nebenzahl, la preuve ceux qui l’aiment pas ils sont trop moches, ils ont des pellicules, ils sont pas du tout cool - pas de charisme, pas de gueule, pas des lideurs ça c’est clair. En plus ils bossent comme des nazes alors que ça sert trop à rien, et ils préfèrent des profs avec des vestes écossaises, trop la honte moi ça me fait trop flipper. Où est le rêve, les mecs ? Faut que ça bouge sinon je vais pêter un cable ! Attends mais c’est vrai quoi... non c’est vrai, franchement c’est pourri de rester dans un fauteuil pour un truc imbitable qui te servira jamais, en plus dans un vieux bureau qui pue le renfermé c’est trop un truc de vieux papaaaa... maaaais ouaaais arrête je te dis moi ça me fout les jetons ce genre de com-porte-ment ouais. Attends mais je sais pas si tu te rends compte les mecs ils se prennent trop la tête sur un téléscope du XVe siècle, genre "ah non au XVe siècle y avait pas encore de téléscope han t’es nul" alors que moi je m’en bats des téléscopes, ça sert trop à rien. Je veux de la DYNAMITE moi putain ! En tout cas moi je kiffe Nebenzahl, lui au moins il est habillé classe.

        PS : Merci pour la bonne tranche de rigolade Ancien élève ! Mais fais gaffe avec la caricature des groupies du grand Neb, là ça faisait un peu trop pubère sortant de son bac et venant de s’inscrire à Science Po... les gens vont pas croire à ton histoire :)

        • Partir en souriant 12 février 2008 20:53, par Un ancien élève
          Intéressant comme réponse, tu peux retourner jouer avec tes crottes de nez Mr vénère, j’ai bien noté que tu étais quasi-débile.
          • Partir en souriant 12 février 2008 21:43, par Un mec vénère
            Suffisance, vulgarité, pédanterie, grossièreté... c’est presque le subtil dosage magique de Nebenzahl, mais il manque toujours un peu de substance... encore un petit effort, petite groupie !
      • Partir en souriant 12 février 2008 19:58, par Une huître

        "...les autres finiront bien dans un laboratoire quelconque du CNRS à étudier la question de la mort chez Jankélévitch..."

        Voilà ce qu’il répondrait le bon monsieur :

        "Tout est dit, déplore le dogmatiste substantialiste, comme si ce qui était dit n’était plus à dire... Mais non ! rien n’est dit - ou plutôt tout est à dire, et ceci jusqu’à la fin des temps, c’est-à-dire (les temps n’ayant pas de fin, du moins pas de fin empirique) pendant l’éternité : ce qui est dit est encore à redire ; ce qui est dit reste à dire comme si jamais personne au monde ne l’avait dit, comme si celui qui disait la vieille nouveauté de toujours la disait le premier pour la première fois ! En dépit du principe d’identité, le dictum n’est pas un dictum, le dictum est un dicendum et le reste éternellement. [...] D’un mot : tout est à dire et surtout ce qui a déjà été dit ! Nous craignons qu’à force de parler de l’amour et de la mort les métaphysiciens et les poètes lyriques ne nous aient rien laissé à dire ? Autant craindre que le devenir, depuis si longtemps qu’il devient, ne finisse par actualiser tous les possibles, autant craindre que toute potentialité en ce monde ne soit condamnée à la totale déperdition. Ces craintes absurdes sont d’ailleurs apparentées à l’espérance non moins absurde de n’avoir un jour plus rien à faire, autrement dit de convertir tout le devoir en chose faite par prélèvement progressif de la res facta sur le faciendum. Toute cette eschatologie inspire à l’homme tantôt la hâte de s’acquitter, tantôt la phobie de consommer et la panique de l’épuisement et du marasme final ; tantôt l’éthique de la besogne finie, tantôt la manie de l’épargne et de la thésaurisation." (Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien, v.1, I, 4, Presque-rien et presque-tout)

        Il serait probablement soutenu par un autre compère, à vos yeux certainement aussi poussiéreux d’une manière impardonnable :

        "Il n’y a point d’idée neuve. Ce thème est connu, et lui-même aussi ancien que les hommes. "Tout est dit et l’on vient trop tard" ; seulement La Bruyère n’est point resté sur ce moment de l’ironie ; il s’est livré au plaisir de penser. Cette idée que tout est dit n’est point déprimante ; bien au contraire, tonique. Le paradoxe humain c’est que tout est dit et que rien n’est compris. Tout est dit sur la guerre, tout sur les passions. L’humanité réelle se compose sur ces belles formes pleines de sens, que le culte a conservées. Mais il faut frapper dessus comme sur des cloches ; car la forme se referme toujours sur le sens, parlant seulement par la beauté. Telle est l’attention. Si l’on ne se réveille point de cette manière-là, on ne se réveille point du tout. Un signe nous renvoie à un autre signe. Et nos premiers instituteurs sont les mots, qui sont monuments." (Alain, Propos, I, Mnémosyne)

        • Partir en souriant 12 février 2008 20:55, par Un ancien élève
          Charabia, copié collé, aucun rapport avec le sujet ! Au moins toi tu es sur de ne pas avoir l’agrèg.
          • Partir en souriant 12 février 2008 21:31, par Une huître
            Merci je perdrai enfin mon gras de cheveux ! A moi la liberté et la puissance de penser !
            • Partir en souriant 13 février 2008 10:48

              Sans vouloir jouer les donneuses de leçon : A moins que vous ayez l’intention de faire la même chose à chaque départ en retraite, vous auriez pu vous abstenir de publier un tel article (question de partialité, et de ne pas virer dans le people) . En revanche i c’était dans le but de réveiller les tensions à ce sujet, et de faire une thérapie de groupe pour les enterrer : bien jouer. J’aimerai quand même qu’on m’explique.

              Sinon, je déplore l’admiration béate de certains envers monsier Nebenzahl, en ce qu’elle consiste en une idolâtrie au même titre qu’une autre. Bien qu’ayant moi-même traiter Nebenzahl de tous les noms à diverses reprises, le grognement d’une étudiante dans un couloir est à mon sens (midi à ma porte) un peu plus sain que des insultes publiques sous couvert d’anonymat. Je trouve pas ça très classe. Même si je comprend ce besoin de se défouler. Puis faut bien avouer que si ce prof avait été juste un con, ça aurait été beaucoup moins difficile à gérer pour ceux qu’il "insultait" (ça serait de la diffamation de parler d’insulte mais n’empêche que ça s’en rapprochait) et décourageait régulièrement lors de ces cours. Peut être qu’on s’accrochait pas assez à ses yeux. Je crois que Nebenzahl est surtout génial en ce qu’il reflète vachement bien tout ce qu’il dénonce et cela de façon simultanée. C’est d’ailleurs marrant qu’un type qui s’inscrit contre l’académisme et la connaissance libraire trouve le moyen de placer vingt références différentes en moyenne par cours. C’est fou de voir quelqu’un gueuler contre la consommation et les faux semblants et se pavaner dans la fac en mode Dandy en clopant des cigarillos. Malgré tout ce qui me gêne chez lui, je ne peux pas le réduire qu’à ces contradictions et à ce qu’il a fait subir (même si ça aurait été bien qu’il ne fasse pas ça en toute impunité : c’est très facile de s’acharner sur des personnes qui ne peuvent rétorquer à la mesure de l’affront qu’on leur fait) mais malgré tout, il ne s’agit quand même pas d’un intellectuel de pacotille. Ces enseignements m’ont apporté beaucoup sur un plan intellectuel et personnel. Même ceux où j’apprenais aussi à sourire à un type en train de me couler. (Mais rien que ça ça va me servir toute ma vie) Oui, je m’inscris dans une logique de la consommation des études, comme il dit, gnagnagna. Mais franchement, j’ai envie de dire à tous les fans de ce prof (j’entends les inconditionnels qui pleurent comme si ils avaient quatorze ans on qu’on s’attaquait à leur rockstar préféré à chaque fois qu’on doute de son géni, de sa perfection) que si ils s’imaginent une seconde être moins dans la mouise que ceux qui "sont scolaires, courent après les concours (etc)" ils se foutent juste le doigt dans l’oeil jusqu’à l’omoplate. J’ai parfois l’impression qu’ils se servent de Nebenzahl comme d’un vibromasseur de l’esprit. Et ils geignent parce que les autres sont trop ci ou trop ça. Ils sont méprisants au possible envers des personnes pour des raisons débiles. Ils pensent se permettre de dénigrer les agrégatifs, les rats de bibliothèque, les enseignants qui suivent un plan précis... Il l’a pas eu son agreg Nebenzahl ? Il a pas lu énormément ? Il a pas été dans des écoles à normer ? Bref, votre chouchou, c’est aussi un produit, même si il vous plait plus. Il flatte votre égo, je le sais parce que j’ai été des deux côtés de la barrière. Enfin, j’ai jamais hurlé à la gloire de Nebenzahl, mais je l’ai beaucoup aimé quand je suis arrivée. Et je vous entend avoir la prétention de "comprendre" des choses bien plus "profondes" et "intéressantes" que les autres... Cette réification de l’enseignement me gêne tout autant qu’une autre.

              Arrêter de vous la jouer deux minutes (même si tous les admirateurs de Neb enzahl ne se comportent pas comme ça, mais évidemment c’est pas à tous que je m’adresse), parce que ça ne fait que renforcer l’aversion de l’autre camp. Et comme j’ai rarement vu des "disciples" des autres profs être à ce point incapable de faire preuve de tempérence et se permettre un tel prosélytisme, je peux pas m’empêcher de penser que le problème vient de vous. Car en revanche il est on ne peut plus justifié que quelqu’un qui a été "maltraité" se plaigne ...

              Et puis en fait moi non plus je ne signerai pas.

              • Partir en souriant 13 février 2008 17:21, par Une huître

                "Je crois que Nebenzahl est surtout génial en ce qu’il reflète vachement bien tout ce qu’il dénonce et cela de façon simultanée."

                C’est vrai, mais à vrai dire ce n’est même pas ce qui m’a rebuté premièrement chez le personnage. En fin de compte dire qu’il n’est pas cohérent avec son discours reste un argument ad hominem, qui ne préjuge pas de la vérité ou non d’une parole. Plus simplement, ce sont tous ses côtés séducteur, fourre-tout, totémique, contempteur flou et total à la fois qui m’ont rebuté. Je ne peux même pas faire valoir quelque insulte de sa part à mon égard : je n’ai été qu’à un seul de ses cours, et ceci m’a été suffisant pour fuir tous les autres. Je commençais d’abord par retenir toutes les remarques qu’on pouvait opposer à ses petites piques méprisantes peu subtiles, mais comme au bout de 20 minutes on ne peut plus retenir toutes ces objections (fatalement, puisqu’alors vous êtes déjà en possession de dizaines de nuances à apporter à l’argumentation simpliste, et ça continue...), on renonce purement à répliquer quoi que ce soit, et on laisse le monsieur monologuer urbi et orbi à propos de tout et de rien, d’un ton toujours pénétrant de celui à qui on ne la fait plus.

                Je n’ai vu aucun intérêt pour la connaissance de ce côté-là. Non que je tienne à opposer raison et passion ou autre cliché du genre. Nietzsche avait beau remettre en question la "volonté inconditionnée de vérité", il se revendique néanmoins "homme de connaissance" : on sent chez lui malgré le rejet d’une érudition de philologue un intérêt vif pour le savoir, loin d’un simple usage de séduction - loin surtout de toute volonté de se poser en gourou. Chez Nebenzahl, le monopole du bagou suscite le doute, la fermeture autistique suscite le renoncement au dialogue. Et avec cela, malgré tout, une certaine volupté de se sentir entouré d’étudiants amoureux et à l’écoute, de ne pas se déplacer sans quelque vague nuée d’admirateurs ramassant des miettes de la "profonde critique salutaire du monde actuel" au passage. Je fuis les totems, et celui-là plus qu’un autre.

                • Souvenirs d’Italie 16 mars 2008 23:54

                  c’est fascinant cette capacité d’un homme à déclencher les plus grandes effusions chez ses semblables, qu’elles soient d’amour ou de haine, qui, convenons en, se ressemblent toujours un peu. si M. Nebenzahl a ce talent de "nous apporter la peste", nous pouvons lui reconnaître aussi celui de réveiller chez les étudiants leurs souches humaines trop humaines, de petits corps courbaturés sur leur chaise, armés de cerveaux fatigués, et dont les yeux se mettent à briller, à pleurer, les lèvres à rire, les pensées à rêver, les colères à éclater... M. Nebenzahl, vous me manquez. Et à Paris comme à Ostuni, je continuerai à vous traquer ! Bien à vous

                  une élève

                  • Souvenirs d’Italie 19 mars 2008 20:38, par Un Attendri
                    Comme c’est mimi. Enfin, s’il vous faut des figures pour vous réveiller le cerveau, pour rêver, pour vivre, c’est-à-dire si vous ne vous suffisez pas à vous-même, alors il n’y a rien à redire à votre reconnaissance.
                    • Souvenirs d’Italie 23 juillet 2008 12:47
                      Quelle guerre de merde autour d’un prof en retraite. Pas évident de gérer un blog sur l’ufr philo de Paris X quand on n’est pas dans la fac. A quoi peut bien servir ce blog à part hurler cyniquement sur tous les messages pour régler ses comptes en utilisant profusions de pseudos ?! l’ancien élève, le mec attendri, l’huitre, le mec vénère et blablabla, c’est schizophrénique ce truc. Bande de couillon
                      • Souvenirs d’Italie 23 juillet 2008 13:00, par jean-marc

                        pour celui qui a posté au-dessus : effectivement depuis que je suis plus à la fac je ne gère plus ce blog.

                        si tu veux t’en charger écris-moi à philopx@gmail.com

                        merci d’avance !

                        • Souvenirs d’Italie 23 juillet 2008 16:05
                          merci de ta proposition, je suis en train de réunir des personnes pour ce faire, un minimum de 3 me semble une bonne idée.

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